Aïkido : Le journal d'un débutant
(Saison 6)

Publié depuis le 9 décembre 2006 sur le site du club Marcq Aïkido : http://www.marcqaikido.com/

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1. Le diable est dans les détails.

C'est bien mal commencer l‘année mais je ne vois plus que cela : en Aïkido, je suis une incurable gribouille. Laissez-moi la bride sur le cou et je brouillonne à tout-va. Ma pratique est tout sauf propre et soignée. Pour me résumer, autant dire qu’elle n’est pas belle. Un comble dans la pratique d’un art.

Vous allez me dire : qu’a-t-il donc à se flageller ainsi ? Je vous donne un exemple : je suis de ceux qui, au bout de cinq ans, sont capables d’engager une technique Ura en plaçant le pied avant dans la position Omote par rapport à Uke. Voilà le genre de choses que je fais, aussi naturellement que je respire, sans même y prendre garde… Franchement, il y a des jours où je me mangerais.

J’en suis à me demander si cette inconséquence n’est pas tout simplement un style, mon style. Drôle de style. Au-delà des difficultés inhérentes à telle technique, de ma plus ou moins grande souplesse, du manque d’endurance et de la fatigue aussi, se pose la question de la propreté de l’exécution, de l’exactitude des gestes qui composent la technique. Et après cinq années bien tassées de ce pieux exercice, je me rends compte qu’il me faut, en ce début d’année, tout reprendre à zéro, même les mouvements premiers, qui paraissent les plus simples et que je m’empresse cependant d’oublier au premier tournoiement. Partant, je me mets à brosser un Aïkido à larges traits approximatifs, à la manière fauviste mais hélas rarement juste. En tous cas, s’il est bien question de style, il est martialement catastrophique.

Il y aurait beaucoup à dire sur les styles en aïkido et il a beaucoup été écrit. Parodiant Buffon, pour qui « le style est l'homme même » , on peut gager, sans toutefois prétendre comme lui à l’immortalité, qu’il y a autant de styles en Aïkido que d’hommes qui le pratiquent… Toutefois, pour nous autres, pauvres apprenants, qui jouons dans une autre dimension que celle des hautes sphères « archi-danifiées », notre affaire en matière de style se pose en termes beaucoup plus simples : en quoi mon style est-il valide martialement ? Tout est là.

Et, pour ma part, je suis loin du compte.

Or,…

Il se trouve que, rompant avec la pratique habituelle des cours collectifs, l’un de nos maîtres a pris à part deux d’entre nous pour nous faire travailler les choses les plus basiques dans le détail. Sur Aïhanmi katate dori, nous avons fait ikkyo (omote et ura), et nikkyo (omote et ura sous deux formes). Une heure et demie n’a pas été de trop pour reprendre les choses par le menu pour chacun d’entre nous. Jean-Marie nous examinant tour à tour nous a fait comprendre pas à pas ce qui n’allait pas dans l’exécution de ces techniques et ce que l’on était en droit d’attendre au niveau qui est censé être le nôtre. J’ai bien conscience du luxe inouï que constitue ce cours particulier, et pourtant ce travail sur mesure me semble à présent indispensable si je veux progresser car j’en ai ressenti les bienfaits immédiats et la possibilité de briser cette tendance au « brouillonnage », à l’approximation. Même si certaines limites de ma pratique se sont rappelées à moi sans surprise, j’ai vu nettement se construire la technique avec efficacité, récupérant ce qui d’emblée était acquis en le combinant avec les correctifs de tout ce qui n’allait pas.

Pour tout cela, je veux remercier Jean-Marie et Patrick, qui a pratiqué avec moi, car j’entrevois aujourd’hui la possibilité de quitter une sorte de marécage dans lequel ma pratique s’embourbait.